La Chine des années 80 à 90 vue de l’intérieur.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Toujours et encore (non, non, pas le bouquiniste cette fois) La Plume Dilettante. Si vous ne connaissez toujours pas son blog, allez vite faire un tour par ! Et merci Anouchka pour l’envoie du livre.

La quatrième de couv :

Xiao Hong a quinze ans lorsque sa meilleure amie se suicide. Cette tragédie bouleverse sa vie : elle quitte Shanghai, le lycée et sa famille, fuit dans une ville du Sud où elle rencontre un guitariste, Saining. Elle veut vivre avec lui, tout vivre : elle partage ses amis et sa passion pour le rock, chante dans son groupe, et devient un oiseau de nuit. Leur amour les entraîne peu à peu dans une existence cruelle, avec pour lignes de fuite le sexe, la drogue, l’alcool et la folie.
Mian Mian traque et capture leur vérité. A la lire, on a l’impression d’entendre, pour la première fois, la voix nue et indomptée de la jeunesse chinoise.

Mon avis :

Il n’y a pas si longtemps, j’expliquais ici que je ne relisais jamais des livres que j’avais déjà lus, car j’en avais encore beaucoup à découvrir. Je pense pourtant déroger à cette règle pour ce livre. Pourquoi ?

Parce que ce que j’ai apprécié dans ce livre, c’est la description de cette jeunesse chinoise. On parle d’une jeunesse pour qui le monde occidental était encore plus ou moins un mystère dans les années 80 à 90. Une jeunesse qui découvrait l’amour, le sexe, la drogue, le rock, le sida, et la jet-set occidental, le tout presque en un bloc. Une jeunesse qui semble désabusée avant même d’avoir commencé à vivre et en même temps qui veut quand même tout découvrir, tout essayer, tout voir, quitte à se bruler les ailes trop vite. Car cette toile de fond n’est là que pour nous aider à comprendre les errements de ces jeunes qui ont perdu tous leurs repères et tâtonnent à la recherche d’une vérité qui pourraient les sortir de leur fuite en avant.

Et c’est ce qui arrive à nos deux principaux protagonistes Xiao Hong, issue d’une famille d’intellectuelle mais qui refuse le chemin tout tracé pour elle, et Saining, issu d’une famille très aisée dont il profite pour vivre sa vie sans se soucier de l’aspect matériel. De leur début en musique à la découverte de la drogue, de leurs premiers émois amoureux au sida, de fêtes somptueuses aux cures de désintoxication, on va les suivre et découvrir cette Chine encore un peu fermée au reste du monde. La Chine d’une génération qui a « grandi avec des films soviétiques et nord-coréens, écoutait de la musique anglaise en se gavant de nouilles dans la cuisine, en se demandant si ils n’avaient pas le sida, fumant du hasch du Xinjiang, gobant des pilules à trois yuans le flacon et se passant de la punk quand ils étaient high…« 

Par contre, ce qui m’a bloqué et la raison pour laquelle je vais relire ce livre, c’est que Mian Mian utilise, dans une première partie du livre, une narration linéaire et claire. Mais passe ensuite à une narration à plusieurs voix, parfois dans le même paragraphe, ce qui est un peu déroutant pour le lecteur. Ce n’est que bien trop tard que je me suis rappelée de cette quatrième de couv qui parlait d' »une voix nue et indomptée« . Et que j’ai compris que cette construction servait elle aussi au récit, autant que les mots eux-mêmes. A relire donc, pour redécouvrir ce récit avec cette donnée en tête.

Extraits

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

Le reste de la soirée, je l’ai passé à me demander pourquoi des gens tuaient dans des crises de folies. Pourquoi est-ce qu’on ne les hospitalisait pas avant pour les soigner ? La lune brillait, je me suis dit que j’avais drôlement de la chance. Du coup j’ai décidé que non, je n’étais pas folle, juste une petite souris trop lâche, ou comme Papa avait dit : « Une gentille fille, ma fille, mais qui s’est égarée en chemin. »p.119

Détails :

Auteur : Mian Mian
Editeur : Points
Date de parution : 19/06/2002
301 pages

Cette chronique a déjà été lue 2660 fois.

%d blogueurs aiment cette page :