Eh bien, le progrès. Le progrès ! Le progrès vers quoi ? Quel est notre but ? Quand est-ce qu’on s’arrête pour se frotter les mains en disant « Ok, c’est fait. Ça ira bien pour le moment. On se détend, on fait tourner une pipe, on fête ça, et on commence à vivre nos vies comme elles sont censées l’être » ? Qu’est-ce que le progrès si l’on est incapable de définir le foutu but ? Nous ne progressons pas vers le paradis, ça c’est une putain de certitude. Alors à quoi ça sert ? On fait tous la course comme des rats sur un tapis roulant dont l’axe est sur le point de casser. Est-ce que tu t’engagerais dans une course sans en connaître d’abord la distance ? Bon, eh bien tu pourras vérifier ça plus tard, mais c’est ce qu’on fait, frérot, et même si nous voulons tous que ça s’arrête nous avons trop peur de ce qui pourrait arriver. Ces vies impatientes et désespérées font une société impatiente et désespérée, avide d’avenir, avide de notre propre faim. Nous courons derrière l’éternité, mec. Nous sommes comme des chiens qui courent après leur queue, et nous nous demandons pourquoi nous sommes malheureux et pourquoi nous avons des nausées de vertige, et nous nous lamentons de toutes les choses à côté desquelles nous passons. N’est-ce pas hilarant ? Non, ça ne l’est pas. Ça fait chier, et ça me donne envie de pleurer. Nous nous ridiculisons. Admettons-le, rassemblons-nous et arrêtons-nous une foutue putain de minute, tout le monde, partout, au même moment : arrêtons-nous et regardons autour de nous. Il y a quelque chose qui cloche. Nous passons à côté de la vision d’ensemble pendant que nous nous agitons pour savoir comment nous habiller aujourd’hui. Abandonnons tout de suite, tu comprends ? C’est pas grave, mec, y a pas à s’inquiéter ou à avoir honte. Toutes les sociétés finissent pas échouer. Pas de quoi en faire un drame. C’est comme de s’inquiéter pour la mort. Le changement est la seule constante de l’Univers. Il arrivera. Entre-temps, profite du voyage, sois aimable et sois prêt.
Dans un jour ou deux – Tony Vigorito
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