Partez à la découverte d’une île où personne n’a jamais entendu parler du « travailler plus pour gagner plus ». Et où tout le monde se garde bien de trop avoir pour être mieux !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Repéré chez La Plume Dilettante, elle a réussi à me donner envie de lire Alexandre Jardin. Ce qui n’était pas gagné d’avance ! Merci pour le prêt Anouchka !

La quatrième de couv :

Dans un archipel du Pacifique Sud ignoré des géographes, l’île des Gauchers abrite une population où les droitiers ne sont plus que l’exception. Mais là n’est pas le plus important. Cette minuscule société, fondée par des utopistes français en 1885, s’est donné pour but de répondre à une colossale question : comment fait-on pour aimer ? Sur cette terre australe, le couple a cessé d’être un enfer. C’est l’endroit du monde où l’on trouve, entre les hommes et les femmes, les rapports les plus tendres. Voilà ce que vient chercher, dans l’île des Gauchers, lord Jeremy Cigogne. À trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n’avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en amour véritable. À trop vouloir demeurer son amant, il n’a pas su devenir un mari.

Mon avis :

Je n’ai jamais été attiré par les livres d’Alexandre Jardin : le style autobiographique ne me convient pas dans la plupart des cas, les sujets abordés dans ses romans ne me parlent pas en général et, pour être tout à fait honnête, l’auteur en lui-même me semblait un brin naïf, un peu trop fleur bleue.

Quelque part, on retrouve un côté fleur bleue dans ce roman : imaginez, un homme a un coup de foudre à 17 ans pour une femme, mais estime qu’il ne la mérite pas encore. Il va donc s’exiler quelques années afin de parfaire son éducation, devenir plus sûr de lui et mériter son amour. Et il arrive enfin à la conquérir ! Les années passent dans le bonheur d’abord, les enfants arrivent, puis viennent les soucis et, comme c’est souvent le cas, les disputes, les cris et la séparation n’est finalement plus très loin. Pourtant cet homme aime sa femme, mais il se rend compte que finalement il ne sait pas vraiment ce qu’aimer veut dire. Aimer vraiment. Non plus dans la passion et le feu, mais dans la durée, dans le respect et la compréhension de l’autre. Il découvre alors l’île des Gauchers par hasard dans un livre et décide que c’est la dernière chance pour sauver son couple et sa famille.

L’île des Gauchers ? Une île composée majoritairement de gauchers effectivement, mais surtout une île qui a décidé d’aller à contre-courant du monde entier et d’ériger le bien aimé en art de vivre. Travailler ? Oui, mais juste le minimum nécessaire. Sur cette île, le but n’est pas d’amasser encore plus d’argent ou d’atteindre une meilleure position sociale. Ici, ce qu’on veut, c’est comprendre l’autre, l’aimer dans toute sa différence ou sa ressemblance, l’accepter, partager, communiquer et respecter. Et toutes les actions qui sont mises en place, toutes les fêtes, tous les lieux de cette île tourne autour de cela : arriver à une meilleure compréhension de l’autre. Oh bien sûr, tout n’est pas toujours rose non plus. Un couple, c’est un travail de tous les instants et le moindre relâchement peut réduire à néant des mois d’efforts ! Que va devenir notre couple d’amoureux sur cette île des gauchers ? Vont-ils réussir à s’aimer ?

Alors oui, le côté fleur bleue est présent. On a envie de dire qu’un monde où le bien aimé serait la principale préoccupation, c’est bien gentil et bien beau, mais ce n’est pas pour demain ! Et puis enseigner à l’école comment communiquer avec l’autre, l’histoire des rapports entre les hommes et les femmes, plutôt que celle des guerres, comment aimer plutôt que comment se faire aimer, ça servirait à quoi, dans notre monde moderne du 21e siècle ? Prendre le temps de comprendre et d’accepter celui ou celle avec qui on va faire un bout de chemin ? Mais pour quoi faire ? Quoi que… si on mettait autant d’énergie pour faire vivre un couple que celle que l’on dépense pour gagner plus, avoir plus, être plus, paraitre plus, … J’arrête là, il semblerait que ce livre ait réussi à toucher le côté fleur bleue qui sommeillait en moi. Et je me rends compte du chemin qu’il reste à parcourir pour bien aimer !

Extraits

Que les riches s’aiment, discrètement, soit ; qu’ils se vautrent dans les sentiments raffinés qu’autorisent l’opulence et le temps libéré de l’affreuse nécessité, si vous voulez ! Les démunis ? Circulez ! L’amour, c’est une chose privé qu’on vous dit ! Pour après les fatigues des journées salariées, les soins aux chiards et tout le tintouin domestique. Le bonheur ? Vous rigolez, my dear ? Toutes les universités, Cambridge et les autres, étaient là pour s’en gausser, avec des thèses formidablement tournées à l’appui, sur l’absolu nécessité du malheur qui accable le Blanc. Pourquoi ? Parce qu’il croyait, le Blanc droitier, qu’il lui fallait trimer pour exister, qu’il n’avait rien à gagner à perdre son temps.

Détails :

Auteur : Alexandre Jardin
Editeur : Folio
Date de parution : 14/01/1997
340 pages

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