Les thèmes abordés par Olivier Adam sont récurrents et ce roman n’échappe pas à la règle : la perte d’un être cher, des êtres déboussolés par la vie, la fuite, la famille et la mer, bien sûr.
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Encore un que j’avais depuis longtemps dans ma liste. J’attendais juste la sortie en format poche.
La quatrième de couv :
Sarah a disparu depuis un an, sans plus jamais faire signe. Pour Paul, son mari, qui vit seul avec leurs deux jeunes enfants, chaque jour est à réinventer. Il doit lutter avec sa propre inquiétude et contrer, avec une infinie tendresse, les menaces qui pèsent sur leurs vies. Épuisé, il espère se ressourcer par la grâce d’un retour à Saint-Malo, la ville de son enfance.
Mon avis :
Il y a toujours une perte au départ, celle d’un être cher, ici la mère, disparue depuis un an sans que l’on sache si c’est de manière délibérée ou si elle est morte.
Face à cette perte, on a un être perdu qui tente, tant bien que mal, de retrouver un mode d’emploi pour survivre avec ses enfants. Ce père, ce mari, qui se reproche la disparition de sa femme. Lui qui buvait, qui ne s’occupait plus d’elle, qui avait perdu pied bien avant sa disparition… Et si c’était pour ça qu’elle était partie ? Il ne sait pas, il cherche les indices, il doute, alors il fuit.
La fuite vers la mer bien sûr, présente elle aussi comme un personnage à part entière dans ce livre. Car c’est vers elle qu’il va partir chercher le réconfort avec ses enfants. Lui confier les après-midi de fête qu’il essaye d’organiser sur le bord de la plage à la moindre occasion. Se remémorer les souvenirs de jeunesse. S’évader pour ne plus penser à sa femme…
Et la famille enfin, sans qui Paul n’arriverait pas à surmonter tout ça : son frère et sa femme qui lui offrent un travail pour l’aider à remonter la pente ; le souvenirs de ses propres parents, morts avant qu’il n’ait réellement réussi à les connaître ; et ses enfants qui, par la force des choses, ne sont plus tout à fait aussi innocent qu’ils devraient l’être à leurs âges.
Tous ces thèmes réunis dans une atmosphère lourde, pesante, de celle qui fait qu’on peut basculer à tout moment tellement les êtres sont fragiles et semblent impuissants face aux déchaînements des éléments.
Un récit poignant où même la révélation finale du sort de la mère nous fait comprendre que dans la vie, tout ne se passe pas comme dans un film. On est loin des happy-end américains où tout est bien qui finit bien. Non ici, on est dans la vie, celle qui laisse des traces et où il faut se reconstruire !
Extraits
« J’imagine qu’il en est ainsi partout, qu’on grandit côte à côte sans jamais se croiser vraiment, méconnus et indéchiffrables. Le concret nous cimente, le quotidien nous lie, l’espace nous colle les uns aux autres, et on s’aime d’un amour étrange, inconditionnel, d’une tendresse injustifiable et profonde, qui ne prend pourtant sa source qu’aux lisières. Quand j’ai commencé à me soucier d’eux il était trop tard, le bloc de silence était trop dur, la pudeur trop ancrée, les liens trop fortement noués pour qu’on les questionne. » p.54
« Quant aux enfants je ne savais plus quoi faire, ils se contrôlaient mais au fond ils étaient détruits. Quelque chose en eux s’était brisé que rien ne pourrait jamais réparer. On n’y pouvait pas grand-chose, les marges de manoeuvre se réduisaient de jour en jour et il fallait se résigner à se tenir auprès d’eux, à les accompagner le moins mal possible, à leur apprendre à marcher avec un trou dans le coeur et du vent dans la poitrine. » p.192
Détails :
Auteur : Olivier Adam
Editeur : Points
Date de parution : 01/2010
283 pages
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