Cette parole fait mal à notre humanité. Mais c’est peut-être pour ça qu’elle est d’autant plus nécessaire aujourd’hui…
La quatrième de couv :
Le Promeneur d’Alep est le témoignage poétique et étourdissant d’un écrivain plongé dans la guerre. La voix de Niroz Malek nous parvient à travers les déflagrations et les rafales d’armes automatiques. Pourtant elle nous parle de choses simples, d’amis qui se retrouvent dans un café, de coeurs gravés dans les arbres, de promenades dans cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la Soie. Et du chaos qui guette derrière chaque bruit venu du ciel, devant chaque barrage hérissé de sentinelles.
Mon avis :
De la Syrie, on a vu ces images de villes bombardées, anéanties. Puis, le silence. Avant que la pays ne revienne sur le devant de la scène avec cette photo tristement célèbre de Aylan. Et maintenant avec les attentats du 13 novembre et Daesh. Alors bien sûr, des articles, il y en a à la pelle sur ce qui se passe là-bas. Mais là, c’est un témoignage de l’intérieur.
Car Niroz Malek a décidé de ne pas quitter la Syrie, parce que «tu sais que derrière moi, dans ce bureau, ce ne sont pas des livres, des bibelots et des photographies que je laisserais, mais mon âme». Alors, sous forme de petits tableaux, c’est sa vie qu’il nous livre ici. Les barrages partout, la peur dès qu’une bombe tombe qu’elle ne touche quelqu’un qu’il connait, quelqu’un qu’il aime. Alors il dialogue pour conjurer la peur: avec ses amis, sa femme, sa fille, les vivants, mais aussi avec ceux morts sous les bombes…
Contrairement au Journal de Maïdan de Kourkov qui est très factuel, on est ici plus proche de la prose poétique. De celle qui provoque un choc, comme le dit Natalia. Forcément, cette parole fait mal à notre humanité. Encore plus en ce moment, alors que tant de personnes souhaitent fermer nos frontières. Mais c’est peut-être pour ça qu’elle est d’autant plus nécessaire aujourd’hui cette parole…
Extrait
Détails :
Auteur : Niroz Malek
Éditeur : Le serpent à plumes
Date de parution : 21/10/2015
Cette chronique a déjà été lue 7015 fois.
Une lecture qui raisonne spécialement en ce moment.
Tout à fait.
Repéré et noté ! A mon prochain passage en librairie, je le commande. Merci !
Tu me diras si tu apprécies. Bonne lecture 🙂
Est ce que monsieur Malek est toujours là , avec les vivants , à l’heure où j’écris ces mots !
lorsque je saisis mon savon , je lui dis : »Tu sens bon , le parfum d’Alep » as tu promené ta senteur sur le corps de monsieur Niroz Malek , ton ambassadeur ?
» je ne sais ce que me réserve le sort mais je suis et je resterai sans peur » William Henley ,
millions de fois phrase récitée par Mandiba – curieux Mandiba et Malek commencent tous deux par MA. merci monsieur le promeneur d’Alep , je vous espère en vie terrestre .
une citoyenne de ce monde
On etes-vous Monsieur Malek, toujours rivé à votre chaise à écrire ?
Mais on nous dit qu’Alep est détruite ? On s’inquiète pour vous.
Bonjour à vous,
Et merci d’avoir ces pensées pour l’auteur.
Niroz Malek est toujours à Alep. Il s’en était éloigné deux jours au plus fort de l’encerclement de DAESH et des frappes Russes qui avaient suivies, mais il est rentré chez lui. Il écrit toujours des petits mots.
Dans ces guerres modernes, les gens se font tuer par des bombes, meurent presque de faim mais disposent de quelques heures d’électricité et d’internet presque chaque jour. Les messages circulent alors, par Skype ou Facebook.
Hier il postait quelques lignes en évoquant le visage de sa grand-mère. Tout ce qu’il écrit a ce caractère paisible presque effrayant, vu le contexte.
Merci encore à vous de le lire et de le faire connaître.
Pierre Bisiou (éditeur ému)
Très envie de découvrir ce roman en espérant qu’il réveillera les consciences. Portez-vous bien Mr Malek.
Il mérite ce prix et une lecture!
Il vient de recevoir le prix Lorientales 2016.
Les mots du jury:
L’écriture en de courts paragraphe est comme « découpée » par la guerre, comme interrompue par les attaques, les bombardements, les coupures de courant…
Ecrit comme un carnet de voyage, un journal de résistance, Niroz Malek est la voix d’Alep…
Des images de guerre mais jamais d’image d’horreur. Comme un poème hors du temps où les personnages volent dans les airs comme dans un tableau de Chagall…
Témoignage poignant tout en retenue, toujours au dessus de la haine…
Superbe, magnifique, passionné et passionnant…
Une lecture que je viens de terminer, et qui m’a beaucoup touchée… Un livre nécessaire.
Oui, un témoignage qui devrait faire beaucoup plus de bruit pour qu’on ne les oublie pas…
Un roman plein d’émotions… Un mélange entre l’imagination et la réalité dessinant des tableaux profondément tragique et poignante de l’omniprésence de la mort..
Merci monsieur Niroz Malek