Une première découverte de Georges Perec avec son tout premier livre. Comment peut-on être aussi brillant dès le tout premier livre ?
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Après avoir découvert l’Oulipo, j’ai bien évidemment voulu découvrir un de ses membres le plus connus.
La quatrième de couv :
Dans ce récit si simple et si uni qu’il convient d’en souligner l’originalité profonde, Georges Perec tente, le premier avec cette rigueur, de mettre au service d’une entreprise romanesque les enseignements de l’analyse sociologique. Il nous décrit la vie quotidienne d’un jeune couple d’aujourd’hui issu des classes moyennes, l’idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible – car il est lié aux choses que l’on acquiert, il est asservissement aux choses. « C’est qu’il y a, dira Georges Perec, entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé… Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n’ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure possible ; car, dans notre société capitaliste, c’est : choses promises ne sont pas choses dues. »
Mon avis :
Ça commence au conditionnel avec une énumération de toutes ces choses qu’on pourrait avoir et qui feraient de nos vies une vie parfaite. Ça continue sur l’histoire de ce couple, en plein dans les années soixante, psychosociologue tous les deux, allant de petits boulots en petits boulots, ayant comme seule ambition d’être riche. Et sans aucun effort si possible. C’est une histoire des années soixante, comme le dit le sous-titre, mais qui reste toujours d’actualité.
Car il est effarant de voir à quel point chacun peut encore se reconnaître aujourd’hui dans ce livre. On reste souvent encore tourné vers cette idée du bonheur si…, un jour peut-être…, le jour où j’aurais de l’argent…, le jour où j’aurais le temps…, le jour où j’aurais atteint un certain statut… Ce conditionnel qui tue l’instant présent et nous emmène vers une quête perpétuelle et inutile d’une idée que l’on se fait du bonheur.
Du point de vue du style, on a là un petit bijou. Le premier chapitre d’abord, intriguant avec cette accumulation d’objet décrits d’abord dans l’ensemble pour aller ensuite vers le détail. Les personnages ensuite, vides et sans sentiments, mais pleins de désirs matériels et avides de ce qu’ont les autres. Une vision enfin d’une époque, d’une génération, coincée entre la précédente, pas vraiment encore rentrée dans l’ère de la société moderne, et la suivante qui se révoltera.
Chaque mot, chaque virgule, chaque description semble avoir été pensé et placé avec soin. Et cela donne, pour ce tout premier roman de Perec, un vrai grand moment de bonheur à lire.
Extraits
Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.
[…] l’instabilité ne fais pas sérieux ; à trente ans, l’on se doit d’être arrivé, ou bien l’on n’est rien. Et nul n’est arrivé s’il n’a ses clés, son bureau, sa petite plaque.
p. 67
Détails :
Auteur : Georges Perec
Editeur : Pocket
Date de parution : 17/10/2006
158 pages
Cette chronique a déjà été lue 6930 fois.
Commentaires récents