Un déménagement raconté en 50 cartons pour refermer une parenthèse et commencer ailleurs !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Reçu en service presse de Publie.net.

La quatrième de couv :

Peut-être parce qu’un déménagement c’est comme l’écriture : on se prépare progressivement, parfois longtemps au premier jet, on est violemment embarqué, puis débarqué.

Sauf que dans le déménagement, c’est la vie matérielle (ce beau titre de Marguerite Duras) qui est renversée : papiers retrouvés, objets enfouis, vies précédentes qui débordent soudain à vos pieds.

Alors promener avec soi son carnet, tandis qu’on emballe les cartons avant le camion, c’est un sismographe. On ne noterait pas, on ne saurait ensuite s’en souvenir ou retrouver.

Et voici cette trace sismique de l’infraordinaire. Cinquante cartons numérotés, et la très grande maîtrise de Christine Jeanney, archéologue ou jongleuse, grave comme dans la maladie qui hante ses Signes cliniques ou joyeuse comme dans ses Fichaises.

Et pour nous, ce travail de plain pied sur les signes du quotidien, la maison par les enfants qui l’occupent. Et après l’intermède camion, les pièces vides dans lesquelles on les ressort, les cartons.

Le texte porte en exergue : « Du 1er juin 2011, 9h54, au 10 juin 2011, 20h33 ». Je décide qu’à 22h53 ce texte est en ligne. C’est cela aussi que déplace le numérique : écriture sismique, l’édition suit. Le pari que vous lecteurs aussi, et longtemps.

Mon avis :

Dix jours pour faire ses cartons, emballer, trier et prendre un peu de recul. En 50 cartons, Christine Jeanney remballe une vie pour l’emmener ailleurs. C’est toujours dans ces moments d’entre deux que les papiers oubliés ressortent, qu’un pan de vie passé ressurgit. Alors, au moment de remplir ces cartons, c’est des moments de joie et des moments de peine aussi qui reviennent en mémoire… mais pas pour très longtemps, juste le temps de se souvenir encore une fois, avant de refermer le carton jusqu’au prochain déménagement.

Des moments que nous avons tous vécus lors d’un déménagement, pas de grande découverte donc. Mais c’est dans la manière de raconter que tout se joue. Presque comme si, le carnet réellement en main, elle notait tout au fur et à mesure. Et, du coup, le récit est vivant, tellement proche de ce que j’ai moi-même vécu lors de précédents déménagements. Et puis, du rire aussi devant ces cartons fourre-tout où on ne retrouve jamais rien, ces choses utiles qui, comme par magie, disparaissent dans un carton qu’on pensait pourtant bien signalé.

Et puis maintenant, l’envie de découvrir cette écriture avec ses autres textes.

Extraits :

Lire les premières pages sur le site de publie.net.

Carton #44

et puis quand on s’assoit, on se dit que tout tient là-dedans, tout est bouclé, étanche, dans des parallélépipèdes marrons posés les uns contre les autres, les strates de jusqu’ici sont entassées (bien sûr, dans la cuisine, les pommes jouent les rebelles en cercle dans le porte-fruits, on ne pense jamais à emballer des pommes qui font la ronde), alors on sort, c’est le soir, le dernier soir dehors, la dernière pluie à cet endroit précis : la voie ferrée que l’on devine, les rangs de tuteurs pour tomates pas encore nées, la boîte aux lettres verte des voisins – des presque anciens voisins – sur un piquet, les lancés de fils en hauteur, courbes et triangles, découpes du ciel, le poteau électrique, la grisaille, les arbres en contrebas qui grouillent de corneilles, et tout près l’escalier, la grille et le mur abimé, la gouttière, le lézard ou son frère caché sous le ciment, la dernière fois de soi à cet en droit, ça compte pour pas grand chose, peut-être rien (quelle importance, Sonja), mais c’est quand même une dernière fois, une ajoutée aux autres dernières fois, aussi à celles qui se dérobent

Détails :

Auteur : Christine Jeanney | @cjeanney
Éditeur : Publie.net
Date de parution : 10/06/2011
57 pages

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