Des morceaux de guerre, l’axe du bien pour sauver le monde entier, la théâtralisation de l’information, il y a de tout ça dans En guerre !
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Toujours du service presse de Publie.net en service presse.
La quatrième de couv :
Où est, dans le bouleversement du monde, notre responsabilité d’écrivain ?
Dans un monde violent, en permanent dérèglement, quelle parole devons-nous tenir, et comment devons-nous la tenir ?
Et si la guerre, monstrueuse et inadmissible, est toujours celle des autres, qu’est-ce que nous en portons en nous-mêmes ?
Celles et ceux qui ont eu la chance d’écouter-voir Jean-Michel Espitallier dans ses performances de poète, au micro ou à la batterie, savent ce qui résonne à l’intérieur de ces textes chauffés au millimètre : des jouets survenus de l’enfance, les grands films, les épopées – et tout aussi bien les souvenirs familiaux ou personnels, la Résistance, les manifs…
Alors cette suite de textes, commencés lors de la première guerre d’Irak, et prolongés dans les guerres d’aujourd’hui, sont notre nécessité à nous, ils sont notre voix dans le chaos des hommes.
Que cela bouscule la syntaxe, que cela en appelle, pour l’organisation des mots, à toutes les combinaisons de formes, d’inventaires, de concaténation parfois jusqu’aux signes algébriques ?
Mon avis :
Pas un livre sur la guerre, mais un livre « avec des morceaux de ça« . Voilà ce que nous dit Jean-Michel Espitallier en ouverture de son livre. Les morceaux, c’est l’accumulation de stocks d’armes, mais il y a aussi ceux qui amassent « des arbalétriers, des condottieri, des dragons, des commandos, nous avons amassé des centurions, des pandours, nous avons amassé des carlistes, des voltigeurs, des bérets verts, des archers, nous avons amassé des skinheads, des apaches, des marsouins, …« . Pays en guerre ? Menaces pour faire peur à l’ennemi ? Non, de simples mesures de précaution…
Et puis au-delà de l’accumulation, qui nous montre à quel point le langage de la guerre est présent partout autour de nous, il y a aussi l’axe du bien. Un axe du bien qui fait froid dans le dos: « Nous faisons le bien et portons le bien au mal qui fait du mal au bien. » Mais aussi: « Nous sommes les forces du bien et nous voulons du mal aux forces du mal pour leur bien. Non sans mal. Le bien du mal est le mal. Le bien du bien est le bien. Le bien du bien est le mal pour le mal. Le mal du bien est encore le bien. Le bien de l’axe du mal est toujours le mal. » Le tout rappelant certains pays prompts à ériger leur vérité, leur mode de vie et de penser comme les seuls possibles, les seuls « bien ».
Mais il y a surtout l’opération « Bad Gag », avec la médiatisation à outrance, la théâtralisation de l’arrestation de Saddam Hussein et cette vérité, partout annoncée, « Ladies and gentlemen, we got him. » Cette guerre qui ressemblait à un jeu vidéo sur nos écrans télé, cette course-poursuite pour retrouver l’ennemi public numéro 1 qui avait le culot de se cacher de cet axe du bien… « La guerre comme vous ne l’avez jamais vécue« , nous dit l’auteur. Ça vous rappelle quelque chose ?
Un peu déroutant pour moi au départ, j’y ai trouvé finalement un texte qui fait froid dans le dos tant il rappelle ces images tous les jours passées en boucle à la télé, ces mots mille fois répétés par les pays membres de l’axe du bien. Paru pour la première fois en 2004, ce livre n’a pas pris une ride, et il suffirait de remplacer le nom de Saddam Hussein par celui d’Oussama ben Laden pour avoir sept ans plus tard un texte toujours aussi en phase avec les événements actuels.
Extraits :
Lire les premières pages sur le site de publie.net.
Détails :
Auteur : Jean-Michel Espitallier
Éditeur : Publie.net
Date de parution : 21/04/2011
45 pages
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Voilà un livre qui a l’air assez étrange, comme objet littéraire.
Oui étrange au départ, car ce n’est pas une histoire, mais plus une accumulation. Mais c’est très intéressant quand même.