Entre humour et émotion, 84 pages pour parler des meilleures années d’un petit garçon de huit ans, passées dans le café de son grand-père.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Même si on n’a pas encore vu Claudel sur ce blog (à part dans l’article de Valérie), c’est un auteur que j’aime beaucoup. J’ai trouvé ce livre, le week-end dernier au marché aux bouquiniste de Metz.

La quatrième de couv :

Viens donc Jules, disait au bout d’un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée…

Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu’il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d’un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière. Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.

Mon avis :

Le Café de l’Excelsior, c’est d’abord ce café, de ceux qu’on trouve dans les petits villages. Ces cafés qui ont une âme, des souvenirs pleins les murs et une troupe de petits vieux fidèles qui viennent refaire le monde ou tout simplement partager quelques moments surgis du passé avec les copains qu’on connait depuis l’enfance. « L’endroit formait une enclave oubliée contre laquelle les rumeurs, et ses agitations, paraissaient se rompre à la façon des hautes vagues sur l’étrave d’un navire. »

Le Café de l’Excelsior, c’est aussi une figure, Jules, le grand-père. C’est lui qui règne sur ce petit monde et fait la pluie et le beau temps chez lui, au point de fermer tous les après-midis pour sa sieste, laissant les clients dans la salle bien embêté ! Mais c’est avant tout un homme de passion qui aime son métier et ses clients. Un peu trop même parfois : « Grand-père était pauvre de trop boire. Il aimait son métier qu’il pratiquait comme un art. Et comme pour tout art, même si l’artiste possède des dons insolents déposés au berceau par quelque fée prévoyante, il lui convient de les entretenir en se livrant à la plus austère des disciplines : Grand-père ne faillissait pas à cette règle et chaque jour faisait ses gammes dès le petit-déjeuner ».

Mais Le Café de l’Excelsior c’est surtout le meilleur souvenir d’enfance de ce petit garçon de huit ans. Recueilli par son grand-père lorsque ses parents meurent, il va passer au milieu de ce café les trois meilleures années de sa vie. Il y découvrira les conversations codées, l’amitié qui se tisse au fil des années, la Corbeille d’eau douce, et l’histoire de ses parents. Mais il va surtout grandir avec l’amour de ce grand-père, un peu bourru, mais qui fait tout son possible pour que l’homme de la Grande Ville ne vienne pas lui arracher son petit-fils.

De nombreuses années plus tard, c’est l’histoire de ce meilleur souvenir que ce petit garçon devenu un homme va nous livrer. Avec un retour sur les lieux pour voir ce que cet endroit si cher à son cœur est devenu. On a l’impression de rentrer dans une bulle située hors du temps. On y trouve beaucoup d‘humour et de l’émotion aussi, de celle qui vous noue la gorge. Et on referme le livre avec une envie d’aller boire un café au troquet du coin…

Détails :

Auteur : Philippe Claudel
Editeur : Le livre de poche
Date de parution : 01/2007
84 pages

Viens donc Jules, disait au bout d’un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée

Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu’il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d’un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière. Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.

Cette chronique a déjà été lue 9469 fois.

%d blogueurs aiment cette page :