Le cycliste de Tchernobyl - Javier SebastiánUn texte à la fois magnifique et terrifiant. On ne peut s’empêcher de lire ce livre avec Fukushima en tête !

La quatrième de couv :

Un vieil homme hagard, entouré de sacs remplis de vêtements, est abandonné dans un self-service sur les Champs-Élysées. « Ne les laissez pas me tuer », c’est tout ce qu’il sait dire.

Pripiat, ville fantôme, à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl : dans les rues désertes, entre la grande roue neuve et les autos tamponneuses abandonnées, pas âme qui vive. Sauf les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. Laurenti Bakhtiarov chante Demis Roussos devant la salle vide du ciné-théâtre Prometheus, deux Américains givrés testent les effets de la radioactivité sur leur corps… Au cœur d’une apocalypse permanente, Vassia, l’homme à vélo, croit encore à la possibilité d’une communauté humaine.

Ce roman magistral est librement inspiré de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, devenu l’homme à abattre pour le KGB pour avoir tenté de contrer la désinformation systématique autour de Tchernobyl.

Des paysages hallucinés aux aberrations du système soviétique, Sebastián signe un texte d’une force rare, à la fois glaçant et étrangement beau, hymne à la résistance dans un monde dévasté.

Mon avis :

La rencontre avec un nouveau texte est souvent le fruit du hasard. Pour celui-ci, ça aura été un passage en librairie, avec un livre bien précis à venir chercher. Et puis, juste avant d’arriver aux caisses, l’œil est retenu par une couverte,  par un titre. Et sans aller chercher beaucoup plus loin, le livre rejoint la liste des achats du jour.

Au début, c’est étrange. Cet homme groggy, abandonné au milieu de cette cafétéria parisienne, qui est-il ? Pourquoi porte-t-il cet étrange tatouage ? Pourquoi refuse-t-il de dire son nom et d’où il vient ? Ce qu’on comprend très vite par contre, c’est qu’il a peur d’être tué…

En parallèle commence l’histoire de Vassia. Sur son vélo, il circule dans les rues désertes de Pripiat, une ville évacuée après la catastrophe de Tchernobyl. On est dans les tout premiers temps après l’explosion. Les recommandations du gouvernement sont encore floues. On dit tout et son contraire. Alors certaines personnes s’organisent, repeuplent les zones sinistrées et veulent redonner de la vie aux endroits qui ont été désertés. On s’échange des légumes, des histoires, des vêtements, des sentiments…

Et puis il y a l’histoire de Vassili, ce physicien spécialiste du nucléaire. Dès la catastrophe, il tentera de comprendre ce qui a pu se passer. Puis il n’aura de cesse de dénoncer les mensonges du gouvernement qui tente à tout prix de minimiser le problème. Jusqu’à devenir trop gênant pour le pouvoir en place…

Ce texte est à la fois magnifique et terrifiant! Magnifique pour sa galerie de personnages, attachants, forts, humains et vivants. Magnifiquement humains dans leur soif de continuer malgré tout et contre les éléments. Magnifique en repensant à ces personnes qui donnent leur vie pour tenter d’en sauver d’autres. Terrifiant pourtant dans les manquements d’un gouvernement envers son peuple. Terrifiant de par les conséquences que des générations de personnes ont eu à subir…

On ne peut s’empêcher de lire ce livre avec Fukushima en tête… Et de penser à tout se qui se rejoue encore une fois, plus loin de nous, mais toujours avec les mêmes conséquences…

 

Extraits :

Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.

Lire le début sur le site des éditions Métailié.

Détails :

Auteur : Javier Sebastián
Editeur : Métailié
Date de parution : 05/09/2013
208 pages

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