Un livre qui fait froid dans le dos, plein d’humanité aussi et qui apporte un éclairage sur la situation vue de l’intérieur.
La quatrième de couv :
Ce récit est l’histoire vraie d’un homme exceptionnel, d’un personnage de légende. Naoto Matsumura, tel un un samouraï sans maître, a refusé en mars 2011 d’évacuer la zone interdite autour de la centrale explosée de Fukushima. Malgré le tsunami et l’apocalypse nucléaire, malgré les réacteurs qui, deux ans après, continuent de cracher de la radioactivité, il a choisi de rester sur la terre de ses ancêtres, dans sa ferme, auprès des quelques animaux encore vivants. Il est aujourd’hui le dernier habitant de Fukushima.
Par cet acte de résistance, le fermier manifeste sa colère face à Tepco, le géant de l’industrie nucléaire, mais préserve aussi son honneur en refusant le sort des habitants évacués des zones contaminées, condamnés à l’errance aujourd’hui et demain aux maladies certaines, pour finir tels des parias. Dans son combat, Matsumura porte toute l’humanité de celui qui refuse de se soumettre à la bureaucratie, à la finance et au lobby nucléaire, dont les choix sont d’abord économiques : sauver le pays de la faillite à n’importe quel coût humain, y compris le sacrifice des enfants.
À travers le lien qu’il maintient entre l’homme et la nature, le respect et le soin qu’il doit aux pierres, aux plantes et aux bêtes, il incarne la lutte de la terre contre le nucléaire, le jour après l’apocalypse. Matsumura est bien plus qu’un militant écologiste ; pour trouver la force de survivre, et sauver sa ville, il puise dans le Japon de la religion et des philosophies ancestrales.
Mon avis :
Mars 2011, le tsunami déferle sur le Japon et endommage par la même occasion la centrale nucléaire de Fukushima. La zone est évacuée. Les habitants ont quasi tout laissé sur place. L’endroit n’est plus viable, tout est contaminé par la radioactivité.
Juin 2011, le photographe Antonio Pagnotta se rend au Japon pour rencontrer Naoto Matsumura, le dernier homme vivant aux alentours de la centrale. Cet agriculteur d’une cinquantaine d’année a d’abord fui la zone, comme les autres. Mais très vite, il se sent déraciné, loin de ses terres, loin de ses animaux. Mais il ressent aussi la peur de ceux qui n’ont pas été dans la zone et qui traitent les irradiés presque comme des parias. Alors Naoto Matsumura retourne dans sa ferme et découvre les milliers d’animaux morts sur place. Mais aussi ceux encore en vie, abandonnés, affamés.
Tout le long de leurs rencontres, Naoto Matsumura va raconter sa nouvelle vie au photographe: la bataille contre les autorités qui tentent de lui faire quitter le lieu, la tournée chaque jour des fermes alentours pour nourrir les bêtes encore vivantes, ses repas faits de boîtes de conserve car tous les produits de la terre sont contaminés, sa solitude aussi…
Mais c’est aussi un récit sur les mensonges de Tepco, la société qui gère la centrale, la mauvaise communication, voulue ou non, de la part du gouvernement, les premiers pas vers la décontamination, les conséquences, plus vastes, sur la vie des Japonais.
Un livre qui fait froid dans le dos, plein d’humanité aussi et qui apporte un éclairage sur la situation vue de l’intérieur.
Depuis ce livre, Naoto Matsumura est invité à s’exprimer à l’international sur les risques du nucléaire, mais aussi sur sa vie en ermite. Vous pouvez retrouver le reportage photo de Antonio Pagnotta en accès libre sur Médiapart.
A lire si…
Vous n’êtes pas trop sensibles et si vous n’avez jamais entendu parler de cet homme!
Détails :
Auteur : Antonio Pagnotta
Editeur : Don Quichotte
Date de parution : 07/03/2013
228 pages
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Je connaissai ce mec mais je veux bien que tu me prêtes le bouquin quand même 🙂
S’il se trouve encore dans ma bibliothèque d’ici les aurores, sans problème 🙂
😀