On plonge dans ce livre sans pouvoir en décrocher. Le jeu continue après ta mort. Mais où commence le jeu, où se finit la vraie vie ? Et est-ce une mort virtuelle ou réelle ?
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Acheté et lu il y a quelques temps déjà. Comme souvent, c’est Twitter qui m’a amenée à ce livre, avec un lancement à un prix tout petit de 0.99 cents.
La quatrième de couv :
Jean-Daniel Magnin est scénariste, auteur de théâtre et d’opéra : voici sa première incursion dans le roman – les jeux vidéos comme terrain de la fiction, et quelles aventures aux frontières du réel et du monde…
Justement, parce que le scénario est implacable (même lorsqu’il bifurque et nous mène soudain dans d’étranges strates souterraines et divergentes du livre), et que c’est du grand opéra que nous livrent les personnages.
L’univers du jeu vidéo n’est-il pas un rêve de mise en abîme du monde réel comme des représentations qu’on en dresse ?
Cette maëstria est le premier régal de ce récit implacable. Les strates du temps se superposent, chacune avec leurs fétiches et illusions. Faire depuis le futur une archéologie de nos années baba-cool, ou secouer un peu nos années politiques, est aussi une mine de bonheur. La manipulation génétique, l’addiction au jeu vidéo, les conflits entre les « no life » et les autres un substrat formidable à l’imagination.
Et là où Magnin nous embarque pieds et poings liés, c’est que le livre s’écrit avec les codes d’aujourd’hui. Instructions de code, e-mails, peer-to-peer, monde du logiciel libre, tout cela s’emmêle joyeusement parce que nous savons que tel est l’autre côté de l’écran, et qu’il importe que nous sachions en démêler les fils, malgré ce bazar d’avatars et de cookies, où les figures tutélaires ordonnatrices du web, moteurs de recherche ou grosses compagnies, ne seront surtout pas des méchants de carton-pâte.
Alors science-fiction ou pas, l’envie de dire que telle est la fiction d’aujourd’hui, où le numérique a le statut qu’avaient les vieux quartiers en démolition de la ville chez Balzac. Tout ici est parfaitement logique, de la première à la dernière ligne, selon les lois essentielles du thriller.
Si tout est aussi allégorie et métaphore, c’est que notre présent ne méritait pas mieux.
Ici, c’est la machine-langue, qui nous emporte. Jean-Daniel Magnin est aussi le rédacteur en chef du site ventscontraires.net.
Mon avis :
C’est typiquement pour découvrir ce genre de texte que je suis contente d’être passée à la lecture numérique. Avec un sujet qui pourrait sembler au premier abord plus orienté pour les vrais gamers, on est loin, très loin, d’un monde que je maîtrise. Le pitch en quelques mots ? Thout’ Nielsporte est l’archétype même du nolife : loser dans la vraie vie, physiquement peu attrayant, il a réalisé le rêve ultime de tous ses congénères, la création de la Pangée libre, le monde en ligne où la connection est permanente. « Immense conglomérat numérique rassemblant des jeux en ligne et des espaces 3D de toutes marques, qui n’avaient pas été conçus pour se retrouver connectés les uns aux autres. Thout’ et ses guildes réussirent à créer des passerelles non prévues par les développeurs et à en prendre le contrôle. Ils entraînèrent des millions de joueurs dans un nouveau monde open source, géré directement par ses usagers, selon un système d’échange Peer-to-Peer où l’équipement informatique de chaque abonné était devenu un rouage du système global. » Ça paraît barbare comme ça pour les non initiés.
Mais très vite, on dépasse tout ça. Et là d’un coup, c’est l’explosion. Comme le dit La Dame au Chapal, « ce texte-là, c’est comme un méga-pot de Ben & Jerry’s : c’est Noël dans ta bouche, le Big-Bang dans ton cœur« . J’ai pas de mots pour mieux décrire à quel point on plonge dans ce livre sans pouvoir en décrocher. Oui, ça se passe dans l’univers des jeux. Mais c’est surtout l’histoire d’un homme avec un rêve. D’un homme qui n’arrive pas à composer avec la vraie vie. D’un homme qui est en train de perdre la main sur son univers, sa création, son bébé. C’est une histoire de fraternité, d’amour amoureux, d’amour filial. C’est l’histoire d’une vision utopiste du monde, où chacun serait libre de venir et de s’installer à sa guise.
Malheureusement, comme dans la vraie vie, ce monde virtuel idéal n’échappera pas à la jalousie, aux rancunes, aux enjeux financiers et aux déceptions. Et la Pangée tout entière est menacée. Thout’ Nielsporte va devoir se déconnecter pour enquêter dans la vraie vie. Ou est-ce encore une nouvelle strate de la Pangée jusqu’ici inconnue ? Ou une projection créée par un virus informatique afin de perdre Thout’ dans les méandres de son propre cerveau ? On ne décroche pas jusqu’au Game Over !
Extraits
Lire un extrait sur le site de la maison d’édition.
Détails :
Auteur : Jean-Daniel Magnin
Editeur : Publie.net
Date de parution : 19/06/2012
446 pages
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Le Game over final, ça fait trop peur, comme fin.
Oui, mais l’avantage avec les jeux, c’est qu’on peut toujours recommencer 🙂