De nos jours, veut-il te convaincre, l’État utilise les emplois, ou plutôt l’illusion des emplois, comme mécanisme de contrôle. S’il y a un tollé à propos d’une affaire particulièrement grave de déforestation, de pollution ou d’accident, les « crapauds » s’empressent de justifier les dégâts causés à l’environnement en claironnant bien fort le nombre d’emplois que cela devrait permettre de sauver ou de créer – et les protestations s’affaiblissent comme le bruit qu’on fait quand on froisse un vieux billet d’un dollar. Des décisions en matière de politique étrangère, y compris les interventions armées illégales et immorales sont, de la même manière, rendues acceptables, voire populaires, au prétexte qu’elles sont indispensables pour protéger les emplois des Américains. Pratiquement tous les candidats à des fonctions officielles au cours des soixante-dix dernières années ont fait campagne en accrochant à leur vieil hameçon le ver en caoutchouc « plus d’emplois », et c’est le pêcheur qui a le ver le plus ressemblant qui attrape les voix, bien que tous les électeurs, sauf les paralysés du cerveau, doivent reconnaître qu’il va y avoir de moins en moins d’emplois avec le temps et les progrès technologiques.

Comme la grenouille sur son nénuphar – Tom Robbins

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