J’étais un enfant de la génération précaire et, très vite, je compris que viser un emploi dès la sortie de ma scolarité revenait à sauter d’un avion sans parachute. C’était brûler les étapes. Jeune diplômé comme on en trouvait des milliers sur le marché, j’étais de ceux à qui les entreprises disaient « Sois stage et tais-toi. » Les années 2000 étaient fièrement installées sur leur piédestal mais l’esclavage semblait toujours prospérer. Comme tous les vauriens de mon âge qui croyaient encore au Père Noël, je fus dès lors contraint de me faire une raison. Un vrai travail n’était pas envisageable pour l’instant.
Libre, seul et assoupi – Romain Monnery
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