Divagation d’une femme qui erre dans la vie à la recherche d’un moyen de faire passer au plus vite des journées interminables. Épuisant de conditionnel !
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Le choix du hasard total pour ce livre, trouvé chez un bouquiniste lors d’un petit week-end à Colmar.
La quatrième de couv :
La vie est une promenade, on va, on vient, on s’achemine. Les êtres se succèdent sans qu’on les reconnaisse. On les devine du bout des antennes comme des corps posés sur le tapis roulant de l’espèce.
L’angoisse bat, palpite à la place du cœur. Le cerveau est une chambre de torture où on n’ose pas hurler de crainte d’exaspérer la douleur.
Les décennies de l’existence s’entassent l’une sur l’autre comme des cubes. On les traverse hagard, sans éprouver à chaque instant l’émerveillement de se trouver là. Juste avant de basculer vient l’instant vers lequel sans le savoir on se dirigeait depuis l’origine. Tout s’éclaire, s’illumine, le bonheur embrase l’horizon comme une pluie de soleils. On n’a pas le temps de se dire que la promenade valait la peine malgré tout. Les lumières se sont déjà éteintes, on n’aura existé que pour cette joie immense et brève.
Mon avis :
Une femme anonyme se promène dans la vie. Alors que le mot «promenade» évoque plutôt une sympathique flânerie un dimanche après-midi, pour se détendre, cette femme a une tendance à errer plus qu’à se promener. Sans travail, sans ami, sans espoir ou même sans aucune envie d’avoir de l’espoir, elle déambule. Pour rencontrer des gens ? Non, il s’agit juste pour elle de passer le temps. Car les journées lui semble interminable. Les minutes mêmes semblent «dure à avaler comme du gravier». Elle tente bien de dormir pour essayer de le faire passer plus vite ce temps, mais même le sommeil la fuit.
Alors, lors de ces promenades, elle part dans des suppositions toutes plus folles les unes que les autres sur ces personnes qu’elle croise. Avec la plupart du temps la mort comme point final de ces divagations. Et puis, souvent aussi, elle se laisse aller à la rencontre, mais uniquement pour le sexe. Mais ces relations sexuelles n’ont pas pour but de nouer une relation durable. Il s’agit encore une fois d’une manière de passer le temps. Toujours quelques minutes gagnées sur ce temps qui la dérange.
Écrit majoritairement à l’imparfait et au conditionnel, cette femme anonyme désespéré aura fini par m’exaspérer. Entre toutes les supputations sur ce qu’elle aurait pu faire, pu dire, pu aimer, toutes les rencontres qu’elle aurait imaginées, les différentes morts qu’elle aurait pu avoir, l’indécision de celle qui reste au conditionnel plutôt que de s’inscrire dans un futur possible ou même dans un présent, même si imparfait, m’a fait refermer la dernière page de ce livre avec le soulagement d’en avoir enfin fini avec l’incertitude !
Détails :
Auteur : Régis Jauffret
Editeur : Verticales
Date de parution : 22/08/2001
300 pages
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Pas top, alors, le hasard.
Le hasard ne fait pas toujours bien les choses… mais j’ai rarement de mauvaises surprises… Alors finalement, je ne peux pas trop me plaindre 😉
Excellente ta critique ! Je n’ai jamais réussi à finir ce livre qui m’a agacée et ennuyée.
Ah merci Krol… Je pensais que ça venait de moi… J’ai été jusqu’au bout parce que je pensais qu’à un moment tout ce conditionnel allait laisser place à des certitudes, à un dessin… mais je n’ai rien trouvé…
Pour qui a connu un tel état de déréliction, l’analyse de l’angoisse est d’une grande justesse, avec assez d’humour pour éviter l’ennui ou l’envie de se jeter par la fenêtre !
Le sujet n’est pas drôle et si il vous a semblé ennuyeux c’est que vous allez bien ! Continuer comme ça 😉
Régis Jauffret est souvent à la frontière du caricatural mais sans jamais la franchir. J’aime assez…
Pff, tant mieux alors 🙂 Mon soucis n’a pas été avec cette jeune femme qui tourne désespérément en rond… C’est plus ce conditionnel qui n’en finit pas… Je comprenais ce conditionnel, mais j’imaginais qu’il allais finir par aboutir à quelque chose… Là, pas d’aboutissement, pas de finalité, un conditionnel jusqu’au bout…
Si je retombe un jour sur un Jauffret, je ferai un autre essai, car, oui, il y a quand même un travail énorme pour faire un tel roman…
Pour vous réconcillier avec Régis Jauffret je vous conseillerai ; « Microfictions », »Asile de fous » et « Lacrimosa », tout ça :)!
Bonne soirée Cathy
Bien, donc si je trouve un de ses livres chez le bouquiniste, je me laisserai tenter ! Et si je n’accroche pas avec un 2e titre et bien… c’est que cet auteur n’est pas pour moi 😉 Merci pour les conseils et à bientôt Françoise !
Bonne soirée