Un livre qui traite de politique, d’ordre mondial, du capitalisme, mais surtout du contrôle imposé par diverses institutions, sur nos vies.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Découvert dans ma petite librairie, j’ai eu envie d’aller vers une maison d’édition que je ne connaissais pas encore.

La quatrième de couv :

Dans cet essai concis, brillant, et extrêmement polémique, Noam Chomsky, un des critiques les plus virulents du nouvel ordre mondial, montre comment, sous couvert de divers paravents (organisation mondiale du commerce, OTAN, etc.) le capitalisme, en particulier américain, est en train d’imposer au monde une véritable tyrannie, qui non seulement empiète sur la souveraineté des États, mais sur celle des individus eux-mêmes.

Mon avis :

Ce tout petit livre est un extrait d’une conférence prononcée en 2 000 au Nouveau-Mexique à l’occasion du vingtième anniversaire du Centre de documentation intercontinental. Tout petit livre, car seulement 56 pages de textes. Mais un texte énoncé si clairement qu’il n’y a pas besoin d’en ajouter une seule ligne. Très clairement anti-capitaliste, cet ouvrage prend tout de même une drôle de résonance avec les évènements qui secouent le monde depuis la crise financière et est d’autant plus d’actualité aujourd’hui.

Car depuis que le mot de « rigueur » a plus ou moins été lâché par le gouvernement, on sait très clairement que nous allons subir les évènements à venir, sans presque aucun contrôle sur le cours des choses. Comme l’explique si bien Noam Chomsky, nous sommes dans un système qu’il nomme tina – There Is No Alternative – Il n’y a pas d’autres alternatives. Un système où on cherche à nous prouver régulièrement que les lois votées, les réformes à venir, les augmentations supplémentaires sont un mal nécessaire à la bonne marche du pays, du monde, du système. Un système qui a pourtant failli et qui a précipité le monde dans une crise économique dont on semble avoir du mal à se relever.

Quelle est l’alternative proposée par Chomsky ? « Les décisions peuvent être modifiées ; les institutions peuvent être changées. Si nécessaire, elles peuvent être démantelées et remplacées, comme des gens honnêtes et courageux l’ont fait tout au long de l’histoire. » Notre génération et les générations à venir auront-elles assez d’espoir pour tenter d’inverser la tendance ?

La politique, en général, ne m’intéresse pas. Je vais voter depuis que j’ai l’âge pour cela, je suis les affaires dans les journaux (et en ce moment, on a le droit au feuilleton de l’été !), il y a certains courants qui me parlent plus que d’autres, mais je n’ai jamais eu de vrai prise de position pour un camp ou pour l’autre. Le but n’est pas ici de polémiquer sur quelque mouvance politique que ce soit, je respecte les choix de chacun. Il n’est pas non plus question de penser avoir saisi la portée et la philosophie de Chomsky en 56 pages. Il reste néanmoins intéressant de lire un texte de ce style à un moment où justement ce contrôle sur nos vies semble encore plus nous échapper.

Extraits

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

Un exemple frappant (il n’en manque pas) peut être trouvé dans l’ordre économique international – je veux parler de ce qu’on appelle les accords commerciaux. La population, comme le prouvent très clairement les scrutins, est fortement opposée, dans l’ensemble, au cours que prennent les choses, mais cette opposition ne parvient pas à se traduire dans les faits. Les élections n’offrent pas d’issue car les centres de décisions – la minorité des nantis – se rejoignent pour instituer une forme particulière d’ordre socio-économique. Ce qui empêche le problème de trouver son expression. Les choses dont on discute ne touchent les électeurs que de loin : questions de personnes ou de réformes dont ils savent qu’elles ne seront pas appliqués. Voilà ce dont on discute, non ce qui intéresse les gens.

Ces dernières années, on a accordé aux sociétés des droits qui dépassent largement ceux des personnes. D’après les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, les sociétés peuvent exiger ce qu’on appelle le droit au « traitement national ». Cela signifie que la General Motors, si elle opère au Mexique, peut demander à être traitée comme une firme mexicaine. […] Un Mexicain ne peut pas débarquer à New York, demander un traitement national et s’en trouver fort bien ; les sociétés si.

Il est bien dans l’ordre des choses que le démantèlement du système économique d’après-guerre s’accompagne d’une attaque importante contre la démocratie effective – liberté, souveraineté populaire et droits de l’homme – sous la bannière de tina, There Is No Alternative (il n’y a pas d’alternative). Ce slogan, inutile de le dire, n’est qu’une supercherie. L’ordre socio-économique particulier qu’on impose est le résultat de décisions humaines prises à l’intérieur d’institutions humaines. Les décisions peuvent être modifiées ; les institutions peuvent être changées. Si nécessaire, elles peuvent être démantelées et remplacées, comme des gens honnêtes et courageux l’ont fait tout au long de l’histoire.

Détails :

Auteur : Noam Chomsky
Traducteur : Héloïse Esquié
Editeur : Allia
Date de parution : 30/09/03
56 pages

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